Marian Naguszewski a interviewé Catherine Ruelle et Stéphane Vieyra sur les œuvres de Paulin Soumanou Vieyra et les origines du cinéma Africain.
Le cinéma subsaharien est un cinéma jeune, et Paulin Soumanou Vieyra, disparu en 1987, en était le précurseur. En 1955, il réalisait Afrique sur Seine, un court métrage d’une vingtaine de minutes filmé à Paris, faute d’autorisation de tournage au Sénégal. Un film qui parle du déracinement et de la solitude des Africains à Paris, avec, pourtant, un message d’espoir.
Par la suite, Paulin Soumanou Vieyra tournera d’autres courts métrages, qui ont influencé de nombreux cinéastes africains, tels le Sénégalais Ousmane Sembène, réalisateur, entre autres, de La Noire de… en 1966 ou du Mandat, prix de la critique internationale à Venise en 1968. Un an plus tard se tenait la première édition du Fespaco, le festival panafricain du cinéma. Et puis en 1975, l’Algérien Mohammed Lakhdar-Hamina remportait la Palme d’or à Cannes pour Chronique des années de braise.
En 2014, cinquante ans après sa réalisation, une version restaurée de Lamb, de Paulin Soumanou Vieyra, était présentée à Cannes. Aujourd’hui, Lamb est le premier film africain en compétition. Après Timbuktu, du Mauritanien Abderrahmane Sissako, Fièvres, du Franco-Marocain Hicham Ayouch ou Un homme qui crie du Tchadien Mahamt Saleh Haroun, il se passe décidément quelque chose dans le cinéma africain. Quelque chose qui, en marge de la profusion de productions grand public de Nollywood, ressemble à une reconnaissance internationale.