2015 : réussir les chantiers du cinéma et baliser les sentiers du numérique
Le premier numéro de «SENCINE» a été un succès à tous les niveaux. Nous avons
été agréablement surpris par vos réactions positives, vos suggestions, vos critiques et par l’intérêt que vous portez à ce magazine dédié au cinéma et à l’audiovisuel. Vos remerciements et vos encouragements nous vont droit au cœur. Nous tâcherons, à coup sûr, de relever le «défi de la qualité et
de la périodicité», comme souhaité par Monsieur Mbagnick NDIAYE, Ministre de la Culture et de la Communication.
L’année 2015 pour le cinéma sénégalais a commencé sous de beaux auspices notamment avec:
– la sélection de trente et un (31) projets de films de tout genre à appuyer par le Fonds de Promotion
de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA)-gestion 2014, – le lancement de l’étude diagnostic sur le cinéma sénégalais et l’élaboration du plan stratégique quinquennal de développement intégré du secteur,
– la relance des Rencontres Cinématographiques de Dakar (RECIDAK) avec une édition spéciale de valorisation du 7ème art sénégalais, en décembre 2014…
D’autres projets structurants sont
en cours d’exécution. Il s’agit de la mise en œuvre du registre public de
la Cinématographie, de la délivrance de la carte identité professionnelle
des métiers du cinéma et de l’audiovisuel, du début des travaux de réhabilitation des anciens locaux du Service Régional d’Hygiène de Dakar
devant abriter le Centre technique de production cinématographique et du lancement du second appel à projets de films du FOPICA – gestion 2015. Il nous faut, dans une mobilisation constructive, réussir ces chantiers du cinéma sénégalais qui nous mettront sur les voies de l’émergence.
L’année 2015, c’est également l’entrée pour une bonne partie du paysage audiovisuel sénégalais dans l’ère du numérique. Depuis le 17 juin dernier nous y sommes de plain-pied.
Mais force est de constater que ce basculement vers le numérique attise les passions, suscite les peurs et pose concrètement un certain nombre de défis.
Pour autant, les véritables professionnels du 7ème art ne doivent nullement être ébranlés par cette révolution technologique. Déjà, en 1997, Moussa Touré, talentueux cinéaste sénégalais, prédisait l’avènement et l’imposition du numérique dans le cinéma. « L’avenir du cinéma et de l’audiovisuel sera, d’ici peu de temps, dans le numérique », m’avait-il confié. Il est heureux que des créateurs d’imaginaires, à l’exemple de M. Touré, aient su anticiper!
Le cinéma, en tant qu’art, industrie
et technique, a connu tout au long
de son histoire des bouleversements nombreux (développements de la couleur, évolution des formats, avènement de la vidéo, expériences de projection…).
Prévisible ou pas, la mutation liée
au numérique s’inscrit donc dans la continuité d’une telle histoire de la
technique. Toutefois, son ampleur est telle qu’elle inf luence tous les maillons de la chaîne du film et de l’industrie cinématographique.
Cette révolution entraîne des boule- versements esthétiques, techniques et économiques.
Ce changement complexe dépasse aussi largement la sphère cinéma- tographique et pose la question des mutations socioculturelles en cours. C’est notre rapport à l’image, à notre mémoire et à notre patrimoine cultu- rel dans la société actuelle qu’il faut désormais repenser.
Arrêtons donc les nombreuses complaintes face aux difficultés de la production cinématographique ou à la fermeture des salles dans notre pays
et dans le continent africain. Interro- geons et décryptons l’ère numérique qui est la nôtre, dans une volonté com- mune d’être partie prenante et acteur de ce changement.
Le présent numéro de « SENCINE » aborde et analyse des expériences, des approches novatrices par rapport à ce qui est couramment pratiqué dans le secteur cinématographique et audio- visuel: le film d’animation en devenir au Sénégal, l’émergence des femmes- cinéastes, la diversité et la profondeur des propos de professionnels et des jeunes talents du cinéma sénégalais et africain…
Nous espérons que vous prendrez autant de plaisir à lire ce magazine, que nous, nous, membres de l’équipe de rédaction, avons pris à le rédiger. Merci encore une fois et bonne lecture.